dimanche 16 mars 2014

Druidisme et néo-druidisme - Filiation historique et filiation spirituelle (2)



Les trois lignées du néo-druidisme

Tous les mouvements néo-druidiques actuels proviennent de l'une des trois branches suivantes (quand ils ne sont pas de génération spontanée) :

Le 22 septembre 1717, à la Taverne du Pommier à Londres, le libre-penseur irlandais John Toland (1670-1722) fonde le Druid Order (Ordre des Druides). Rappelons que, parmi les quatre loges maçonniques ayant fondé la première Grand Lodge de Londres trois mois plus tôt, le 24 juin 1717, l'une d'entre elle se réunissait justement à la Taverne du Pommier. Le successeur de John Toland à la tête du DO fut William Stukeley, pasteur anglican et franc-maçon dès 1721. Cette lignée perdura. Elle fut un temps très proche de la Golden Dawn de Mac Gregor Mathers, qui lui insuffla un esprit ésotérisant. En 1975, elle donna naissance à l'Order of Bards, Ovates and Druids (OBOD), très actif aujourd'hui.

Le 28 novembre 1781, à la King's Arm Tavern de Londres, le charpentier Henry Hurle fonde la deuxième branche du néo-druidisme, sous le nom de Ancient Order of Druids. On ignore de qui il revendique l'héritage, ni même s'il était en lien avec le DO de John Toland. L'AOD prend une forme para-maçonnique et, en 1833, cette branche se transformera en société mutualiste, encore existante aujourd'hui.




En 1770, un ouvrier maçon gallois émigré à Londres, Edward Williams, prend conscience de la valeur des chants traditionnels de son pays natal. Il prend le nom de Iolo Morganwg, et se met à les compiler, sans doute en les arrangeant quelque peu, à la manière des poèmes ossianiques de Macpherson, alors à la mode. Le 21 juin 1792, sur la colline de Primrose Hill à Londres, Morganwg réunit quelques bardes gallois et proclame la première « Gorsedd » (trône, assise, assemblée) druidique. Pour ce faire, il met en place un cercle de pierres, en référence aux grands monuments mégalithiques, notamment à celui de Stonehenge, qu'on croyait alors avoir été conçus par les Celtes, et il improvise un rituel de son invention. En 1819, Morganwg a l'idée de répéter son rituel et son cercle de pierre à l'eisteddfod (concours de poésie galloise) de Carmarthen. Petit à petit, les deux événements coïncident, et la Gorsedd, devenue une institution permanente, prend en quelque sorte le contrôle des concours de poésie bardique gallois. Les écrits de Iolo Morganwg ont été majoritairement publiés après sa mort : les Iolo Manuscripts, le Barddas renferment une grande quantité de poèmes et de « traditions bardiques », que la critique contemporaine a clairement identifiés comme largement inventés par l'auteur. On y trouve notamment une « théologie bardique » reflétant les conceptions chrétiennes personnelles de Iolo Morganwg, et son interprétation des traditions galloises. C'est pourtant cette « théologie » qui a encore cours aujourd'hui dans beaucoup d'organisations néo-druidiques issues de cette lignée galloise – et qui forme la base du livre de Robert Ambelain « Les traditions celtiques ».


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